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papa 2020 CBL’AGIL vous propose de découvrir aujourd’hui Coralie CHAMBRIN (promotion 2015) qui vient de soutenir sa thèse de médecine pour laquelle elle a pu être accompagnée depuis 2020 par le PAPA (Parcours d'Aide à la Publication de l'AGIL). Elle nous parle de cette expérience et des résultats de son travail. 
 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?

Je suis interne en anesthésie-réanimation en fin de cursus. J’ai débuté mes études de médecine à Reims, puis j’ai eu la chance de pouvoir choisir la spécialité que je souhaitais et de venir me former à Lyon pour l’internat.

 

En 2020, vous avez intégré le PAPA (Parcours d'Aide à la Publication de l'AGIL) destiné aux internes lyonnais pour les accompagner dans leur travail de thèse.
Quel était votre sujet de thèse ?

J’ai travaillé sur l’impact écologique de l’anesthésie, et plus particulièrement des hypnotiques halogénés que l’on utilise en entretien de l’anesthésie générale et qui sont relâchés tels quels dans l’atmosphère après avoir été administrés au patient, malgré le fait qu’ils soient de puissants gaz à effet de serre.
Nous avons donc évalué l’évolution de l’empreinte carbone liée aux anesthésiques hypnotiques couramment utilisés au CHU de Lyon avant et après la prise de conscience écologique, découlant notamment d’une prise de conscience des institutions savantes, avec la création de la SFAR green en 2016, mais aussi de la mise en place d’actions d’information environnementales au sein des services d’anesthésie des HCL depuis 2018 par le biais de groupes de réflexion en anesthésie durable, que j’ai complétées par une campagne d’information de 3 mois en 2019 spécifiquement centrée sur l’impact écologique de nos hypnotiques courants auprès de tous les acteurs de l’anesthésie des HCL.
Il s’agissait d’une thèse article dont l’intitulé était « Effet d’une action d’information auprès des professionnels sur l’évolution de l’empreinte carbone des anesthésiques inhalés au CHU de Lyon de 2015 à 2020 ».
Nous devons soumettre bientôt l’article pour publication.

 

Comment s'est déroulée toute cette période de thèse ?

Il s’agit pour chaque interne, d’après mon vécu et ceux de mes proches également passés par là, d’une période intense autant en terme de stress et d’implication personnelle afin de mener son sujet à bien.
Le PAPA permet d’apporter un soutien, une aide méthodologique bienvenue puisque la thèse est finalement fréquemment la découverte de l’écriture scientifique. Des échanges sur des questions quelles qu’elles soient, d’organisation ou de méthodologie, autant lors des sessions en présentiel ou par mail sont possibles et les intervenants se rendent disponibles et sont réactifs. J’ai donc vraiment vécu la participation à ce PAPA comme une chance, cela m’a permis d’échanger avec d’autres thésards, de mieux programmer les échéances d’écriture et d’avoir une formation à l’écriture scientifique de qualité, ce qui m’a très probablement fait gagner un temps précieux.

 

Parlez-nous plus en détail de votre travail de thèse. Les résultats obtenus, les applications concrètes qui peuvent en découler, …

Ce travail a permis tout d’abord de communiquer auprès des professionnels de l’anesthésie des HCL sur l’impact écologique catastrophique de certaines molécules courantes de notre arsenal thérapeutique, mais aussi de proposer des solutions afin de diminuer notre impact environnemental professionnel en lien.
Les résultats sont très satisfaisants puisque, même si on ne peut omettre que la campagne d’information que nous avons menée s’inscrit dans une prise de conscience écologique plus globale, nous avons montré que le début de l’information écologique aux HCL en 2018 était associée à l’amorce de la baisse de la pollution liée aux hypnotiques, avec une diminution totale de l’empreinte carbone liée aux émissions de gaz halogénés en per-opératoire de plus de 90 % entre 2015 et 2020, sans augmentation de l’utilisation du propofol, qui est l’hypnotique intraveineux le plus couramment utilisé, autant en induction qu’en entretien de l’anesthésie, et qui pollue également de façon majeure les cours d’eau après son élimination.
Cela a été permis par un switch du gaz halogéné le plus polluant, le desflurane, au profit du sévoflurane, 30 fois moins délétère en termes de réchauffement climatique à 100 ans, mais aussi très probablement par une diminution des débits de gaz frais moyens utilisés sur les circuits des ventilateurs d’anesthésie après notre information, ce qui n’est malheureusement pas objectivable dans notre étude.
Afin d’être plus parlante, ces changements de pratique ont permis à l’échelle des HCL une économie écologique par an correspondant aux émission de 7 millions de kilomètres parcourus en voiture.
Le coût d’une anesthésie générale en lien avec ces 3 molécules étudiées a également été diminué de 3,6 € entre 2015 et 2020, passant de 11,8 à 8,2 € par anesthésie générale ; compte tenu que plus de 60 000 anesthésies générales sont réalisées chaque année aux HCL, cela devrait intéresser l’administration en termes financiers.
L’activité chirurgicale a augmenté parallèlement à ces changements de pratiques de 20,5 % à nombre de salles d’intervention égal entre 2015 et 2020.
Cela a permis de mettre en lumière qu’un changement de pratiques simple et sans conséquence pour le patient ou l’organisation des blocs opératoires, consécutif à une simple information des professionnels de l’anesthésie, permettait de diminuer significativement et drastiquement la pollution liée à nos activités professionnelles.
Chaque service d’anesthésie, mais aussi d’autres spécialités, devrait engager de telles actions d’information accompagnées d’une évaluation de l’empreinte carbone en lien avec le sujet traité afin de diminuer son impact environnemental professionnel et ainsi participer à l’effort collectif dans lequel la France s’est engagée en adoptant en 2015 les accords de Paris, s’engageant à maintenir l’augmentation du réchauffement climatique sous le seuil de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels d’ici à 2100, ce qui est à l’heure actuelle en voie d’être un échec.

 

Quels sont vos projets professionnels pour la suite ?

Je débute un assistanat au pôle d’anesthésie réanimation de l’hôpital de la Croix Rousse dès mai, je ne suis pas encore décidée sur mon mode d’exercice futur. Ce qui est certain, c’est que j’aimerais conserver l’aspect varié et pluridisciplinaire de ma spécialité en combinant l’anesthésie à la réanimation.

 

Un dernier mot à adresser à vos confrères internes et anciens internes de Lyon ?

Pour ceux qui n’auraient pas encore passé leur thèse, je vous souhaite beaucoup de courage, c’est un réel plaisir quand elle est passée même si on passe tous je pense par des moments de découragement. C’est d’autant plus vrai quand on peut concrétiser ce travail par une publication. En ce sens, je vous conseille fortement le PAPA qui m’a été d’une aide précieuse.

 

Propos recueillis le 6 mars 2021.

Pour en savoir plus sur le PAPA (Parcours d'Aide à la Publication de l'AGIL)

 

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