
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
Je vis actuellement mes dernières semaines d’interne d’Anatomie et Cytologie Pathologiques. J’ai commencé mon cursus à Besançon étant originaire du Jura. J’ai ensuite choisis de venir à Lyon pour l’internat, initialement en imagerie médicale avant de bifurquer en Anatomie et Cytologie Pathologiques.
En 2020, vous avez intégré le PAPA (Parcours d'Aide à la Publication de l'AGIL) destiné aux internes lyonnais pour les accompagner dans leur travail de thèse.
Quel était votre sujet de thèse ?
J’ai travaillé sur les critères histopronostiques des adénocarcinomes colorectaux superficiels traités par endoscopie et particulièrement sur leurs reproductibilités, en m’intéressant à l’impact de l’immunohistochimie (qui est un outil pour nous pathologistes) et de la pathologie digitale (les coupes histologiques sont numérisées et interprétées sur un écran d’ordinateur et non plus au microscope).
Comment s'est déroulée toute cette période de thèse ?
J’ai commencé à discuter de ce sujet avec mes encadrants (le Dr Valérie Hervieu et le Dr Tanguy Fenouil) en octobre 2019. Il s’en est suivi une longue période de préparation (bibliographie, déstockage des coupes histologiques, des blocs d’inclusion, de réalisation de l’immunohistochimie par notre équipe technique et de numérisation des lames, recueil de données cliniques et endoscopiques). Une fois ces étapes réalisées, et après avoir précisé le sujet ainsi que les critères à évaluer, nous sommes trois pathologistes d’expériences différentes à avoir relu une centaine de cas pour recueillir les données anatomopathologiques. Les dernières semaines ont été intenses, certaines dates butoirs approchant.
Le PAPA a été utile dès le début de ce parcours grâce à des ateliers sur la préparation d’un synopsis de thèse et d’un protocole afin de structurer ses idées et les étapes à franchir.
Ces ateliers ont aussi permis de prendre connaissance de certaines démarches « éthiques » et « légales » à réaliser, pour déclarer son travail, obtenir l’aval du comité d’éthique et du CNIL local.
Ensuite j’ai pu être mis en contact avec un statisticien qui a été d’une grande aide (je remercie le Dr Maxime Bonjour par cette occasion). J’ai pu bénéficier d’une aide à la traduction/correction en anglais scientifique. Cette aide a été réalisée par un scientifique anglophone qui a apporté une réelle plus-value au manuscrit ainsi qu’un œil critique. Cette aide a été financée par le PAPA.
Il existe en plus un suivi très réactif avec Pierre Giorgio, que je remercie, qui coordonne le tout et assure le contact avec tous les intervenants.
Parlez-nous plus en détail de votre travail de thèse. Les résultats obtenus, les applications concrètes qui peuvent en découler, …
De nombreux adénocarcinomes colorectaux superficiels peuvent être traités par techniques d’endoscopie. Ces pièces sont ensuite incluses en totalité et analysées en anatomopathologie. Le statut ganglionnaire n’est pas évaluable dans ces cas-là car le gastro-entérologue effectue une résection superficielle de la paroi colique ou rectale. Or c’est ce statut ganglionnaire qui détermine le pronostic du patient. Il est donc essentiel de pouvoir stratifier les patients grâce à certains critères histopronostiques pour ensuite permettre de déterminer la suite de la prise en charge oncologique en RCP (chirurgie complémentaire ou surveillance).
Ces critères pris isolément ne sont pas toujours très reproductibles mais en utilisant l’immunohistochimie et des combinaisons de critères, cette reproductibilité s’améliore. De plus la pathologie digitale, qui est de plus en plus utilisée dans notre pratique, ne modifie pas cette reproductibilité, elle est donc applicable en pratique courante.
Quels sont vos projets professionnels pour la suite ?
Je vais prendre un poste d’assistant spécialiste à l’institut de pathologie multisite, site EST, du Groupement Hospitalier Est (HCL).
Un dernier mot à adresser à vos confrères internes et anciens internes de Lyon ?
Je souhaite bon courage aux internes qui rentrent dans le processus de la thèse d’exercice. Je pense qu’il ne faut pas accepter n’importe quel travail de thèse et se tourner en priorité vers des encadrants qui sauront être présents. Ce n’est pas toujours un fleuve tranquille. Je leur conseille de ne pas hésiter à constituer un dossier pour le PAPA, car c’est une réelle aide. Pour les anciens internes je leur demanderai de continuer à transmettre leurs expériences aux plus jeunes car il est important de faire perdurer le compagnonnage dans notre filière des études de médecine.
Propos recueillis le 9 avril 2021.
Pour en savoir plus sur le PAPA (Parcours d'Aide à la Publication de l'AGIL)